Aller au contenu

Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre un briquet et un vieux pot de fer, à qui elles racontaient l’histoire de leur enfance. « Oui, disaient-elles, lorsque nous étions une branche verte, nous étions heureuses comme au paradis. Tous les matins et tous les soirs, on nous servait du thé de diamant ; c’était la rosée. Toute la journée nous avions le soleil, lorsque le soleil brillait, et les petits oiseaux nous chantaient des histoires. Aussi nous étions bien riches, car les autres arbres ne portaient de vêtements que dans l’été ; mais notre famille avait les moyens de nous donner des habits verts, en hiver comme en été. Vint une grande révolution, et notre famille fut dispersée par les bûcherons. Notre souche obtint une place de grand mât sur un magnifique vaisseau capable de faire le tour du monde ; d’autres branches obtinrent d’autres emplois, et notre partage fut celui d’éclairer la multitude. C’est ainsi que, malgré notre origine distinguée, nous nous trouvons dans la cuisine.

— Quant à moi, dit le pot de fer, mon sort est tout différent. Dès que je suis venu au monde, on n’a fait que m’écurer, me mettre sur le feu et m’en ôter. Je suis de la plus haute importance dans la maison, et je ne donne que dans le solide. Mon seul plaisir consiste, après le dîner, à reprendre, propre et luisant, ma