Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/209

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« Ensuite la théière fut priée de chanter, mais elle prétexta un refroidissement. C’était pur orgueil, car elle se faisait toujours entendre quand il y avait du monde au salon.

« Sur la fenêtre était une vieille plume d’oie dont la domestique se servait pour écrire. Cette plume n’avait rien de remarquable, si ce n’est qu’on l’avait trop enfoncée dans l’encrier. Du reste, elle en était fière.

« Si la théière ne veut pas chanter, dit-elle, nous nous en passerons. Dehors, dans la cage, il y a le rossignol qui chantera sans se faire prier, quoiqu’il n’ait rien appris. Nous serons indulgents ce soir.

— Cette proposition me paraît assez inconvenante, » répondit la bouilloire, sœur de la théière, et chanteuse ordinaire de la cuisine ; « pourquoi admettre parmi nous un oiseau étranger ? Ce n’est guère patriotique. J’en fais juge le panier du marché.

— Franchement parlant, répliqua le panier, je suis profondément vexé de passer ma soirée de la sorte. Il vaudrait bien mieux, ce me semble mettre l’ordre partout ; chacun resterait à sa place, et je dirigerais les divertissements. Vous verriez bien autre chose.

— Non, laissez-nous faire du tapage ! » dirent tous les ustensiles.