Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/362

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« Vraiment ! c’est prodigieux ; je ne l’aurais jamais cru ; quelle chance pour moi ! Que chantaient donc les bâtons de la haie avec leur

 
Cric, crac ! cric, crac ! crac !
C’est fini ! c’est fini ! c’est fini !


« Mais… je commence à peine à vivre. C’est prodigieux ! Si j’ai beaucoup souffert, me voilà maintenant plus heureux que jamais ; je suis si fort, si doux, si blanc, si long ! C’est une autre condition que la condition de plante, même avec les fleurs. Personne ne vous soigne, et vous n’avez jamais d’autre eau que celle de la pluie. Maintenant, au contraire, que d’attentions ! tous les matins les filles me retournent, et tous les soirs on m’administre un bain avec l’arrosoir. La ménagère de M. le curé a même fait un discours sur moi, et a prouvé parfaitement que je suis le plus beau morceau de la paroisse. Je ne saurais être plus heureux ! »

La toile fut portée à la maison et livrée aux ciseaux. On la coupait, on la coupait, on la piquait avec l’aiguille. Ce n’était pas très-agréable ; mais en revanche elle fit bientôt douze morceaux de linge, douze belles chemises.

« C’est à partir d’aujourd’hui seulement que je suis quelque chose. Voilà ma destinée ; je suis béni, car je suis utile dans le monde. Il faut cela