dans sa voiture, partit pour la ville, et demanda à l’apothicaire s’il voulait acheter un cadavre.
« Voyons, répondit l’apothicaire ; mais d’abord dis-moi d’où tu le tiens.
— C’est ma nourrice que j’ai tuée pour la vendre un boisseau d’argent.
— Grand Dieu ! es-tu fou de dire de pareilles choses, au risque de te faire couper la tête ? »
Mais ayant appris la vérité, il fit comprendre au méchant homme toute l’horreur de sa conduite et la peine qu’il avait méritée. Là-dessus, grand Claus effrayé sauta dans sa voiture, fouetta les chevaux et s’en retourna au galop. Tout le monde le croyait fou.
« Je me vengerai ! s’écria-t-il sur la grande route, je me vengerai de petit Claus ! »
Et, dès qu’il fut rentré, il prit un grand sac, alla chez petit Claus et lui dit : « J’ai été ta dupe une seconde fois ! Après avoir abattu mes quatre chevaux, j’ai tué ma nourrice ; toi seul es cause de tout le mal, mais tu ne me tromperas plus. »
Puis, il saisit petit Claus par le milieu du corps, le fourra dans le sac, et le jeta sur ses épaules en disant : « Je m’en vais te noyer ! »
Le chemin jusqu’à la rivière était long, et petit Claus lourd à porter : c’est pourquoi le meurtrier entra dans un cabaret pour se rafraîchir, laissant le sac derrière la maison, où personne ne passait.