Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rivé à la rivière, il y jeta le berger en criant : « Maintenant tu ne me tromperas plus ! »

Puis il prit le chemin de sa maison ; mais, à l’endroit où les routes se croisaient, il rencontra petit Claus poussant devant lui un troupeau de bétail.

« Quoi ! s’écria grand Claus, ne t’ai-je pas noyé ?

— Si ! tu m’as jeté dans la rivière, il y a une demi-heure.

— Et d’où te vient ce beau troupeau de bétail ?

— C’est du bétail de la mer ! Je vais tout te raconter, en te remerciant d’abord de m’avoir noyé ; car maintenant je suis riche pour jamais, comme tu le vois. Enfermé dans le sac, je frémissais de peur ; et le vent me sifflait autour des oreilles, lorsque tu me jetas dans l’eau froide. J’allai immédiatement au fond, mais sans me faire de mal, vu qu’il y pousse une longue herbe moelleuse. Bientôt le sac fut ouvert, et une charmante demoiselle, habillée de blanc, portant une couronne de verdure sur la tête, me prit la main en me disant : « Je t’ai attendu, mon petit Claus ; regarde quel joli cadeau je vais te faire. » Et elle me montra un troupeau de bétail. Je la remerciai bien poliment, en la priant de me montrer le chemin pour retourner à terre ; ce qu’elle fit avec la plus grande amabilité. Vois-tu, grand Claus, la rivière