Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/163

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d’elle. Il ne quittait pas des yeux son doux visage. Il prononça avec effort, mais du fond du cœur, ces mots : « Si tu n’es pas trop habituée à l’élégance, petite Christine, si tu peux te faire à demeurer dans la maison de ma mère comme ma femme, nous nous marierons un jour… Mais nous pouvons encore attendre.

— C’est cela, répondit-elle en lui serrant la main. Ne nous pressons pas trop. J’ai confiance en toi et je crois bien que je t’aime ; mais je veux m’en assurer. »

Il l’embrassa tendrement et on se quitta. En rentrant, il dit au batelier que lui et Christine étaient tout comme fiancés, et cette fois pour de bon. Le père répondit qu’il n’avait jamais désiré autre chose. Il accompagna Ib chez sa mère et y resta fort tard dans la soirée, et on ne s’entretint que du futur mariage.

Une année se passa. Deux lettres furent échangées entre Ib et Christine. « Fidèle jusqu’à la mort, » c’est ce qu’on y lisait au bas.

Un jour le batelier vint voir Ib et lui apporter des compliments de Christine. Puis il se mit à raconter beaucoup de choses, mais sans beaucoup de suite et avec embarras. Voilà ce qu’enfin Ib put y comprendre :

Christine était devenue encore plus jolie. Tout le monde la choyait et l’aimait. Le fils de l’aubergiste, qui avait une belle place dans un grand établissement à Copenhague, était venu en visite à Herning. Il avait trouvé la jeune fille charmante et il avait su lui plaire. Les parents étaient enchantés que les jeunes gens se convinssent. Mais Christine n’avait pas oublié combien Ib la chérissait. Aussi était-elle prête à repousser son bonheur.