Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/162

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son. » Ib, en effet, demeurait comme bouleversé, tenant toujours la main de Christine. Enfin il recouvra la parole : « C’est, dit-il, que tu es devenue une demoiselle si élégante, tandis que me voilà fagoté comme un pauvre paysan. Mais si tu savais combien j’ai pensé souvent à toi et à nos jeunes années ! »

Et ils allèrent se promener, en se donnant le bras, vers le terrain qui s’élevait derrière la maison. Ils considéraient les alentours, la rivière, la forêt, les collines couvertes de bruyère, Ib pensait plus qu’il ne parlait ; mais lorsqu’ils rentrèrent, il était devenu évident pour lui que Christine devait être sa femme. On les avait toujours appelés les petits fiancés. L’affaire lui paraissait conclue ; ils étaient promis l’un à l’autre bien qu’aucun d’eux ne s’en fût jamais expliqué. Il fallait que Christine retournât le soir même au village, où la voiture devait la prendre le lendemain matin de bonne heure. Son père et Ib la reconduisirent. Il faisait une belle nuit : la lune et les étoiles brillaient au ciel. Lorsqu’ils furent arrivés et que Ib reprit la main de la jeune fille, il ne savait plus comment se séparer