Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/166

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la maison d’Ib contre la violence du vent. Puis le printemps ramena le soleil. Ib laboura son champ. Sa charrue rencontra tout à coup un obstacle très résistant. Il fouilla la terre et en retira comme un grand et gros copeau noir ; mais à l’endroit où le fer l’avait touché, il brillait au soleil. C’était un bracelet d’or massif qui provenait d’un tombeau de géant. En creusant, il trouva encore d’autres pièces de la parure d’un héros des temps antiques. Il montra le tout au pasteur, qui l’adressa au bailli avec quelques mots de recommandation.

« Ce que tu as trouvé dans la terre, lui dit le bailli, c’est ce qu’il y a de plus rare et de mieux.

— Il entend sans doute que c’est tout ce qu’il y a de mieux pour un homme comme moi, se dit Ib amèrement. C’est égal, puisque ces objets sont considérés comme ce qu’il y a de mieux, la bohémienne avait prédit juste en tout. »

Sur le conseil du bailli, Ib partit pour porter son trésor au musée de Copenhague. Lui qui n’avait passé que rarement la rivière qui coulait tout près de sa maison, il regarda ce voyage comme une traversée au delà de l’Océan.

Il arriva à Copenhague, où il reçut une forte somme, six cents écus. Il se promena ensuite dans la grande ville, qu’il voulait quitter dès le lendemain matin par le bateau qui l’avait amené. Le soir il s’égara dans un dédale de rues et se trouva dans le faubourg de Christianshavn. Il entra dans une ruelle de pauvre apparence. Il n’y vit personne. Pourtant une petite fille sortit d’une des maisons les plus misérables. Il lui demanda par où il devait prendre pour retrouver son chemin. L’enfant le regarda d’un air craintif et se mit à