Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/35

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profondément ému. Nous nous séparâmes ainsi ; je ne la revis plus ; elle mourut l’année suivante. Je ne sais pas où elle repose ; elle fut enterrée dans le cimetière des pauvres.

« Le postillon sonna de la trompette et la voiture partit. C’était une magnifique après-dînée ; le soleil était superbe ; mes larmes furent bien vite séchées. Je me réjouissais de toutes les choses nouvelles que je voyais. Et puis n’avançais-je pas vers mon but rayonnant ?

« Cependant, quant à Nyborg je m’embarquai sur le Grand Belt et je m’éloignai de mon île natale, je ressentis combien j’étais seul et abandonné. Je n’avais plus personne que Dieu au ciel. Lorsque je débarquai en Seeland, j’allai derrière une hutte qui était sur la plage, je m’agenouillai et priai Dieu de m’aider et de me conduire. Je me trouvai tout consolé, tant j’avais confiance en Dieu et en mon étoile. Tout le jour et ensuite la nuit la voiture traversa des villes et des villages. Quand on changeait de chevaux, je descendais et me promenais seul, en mangeant le pain que j’avais emporté. Je me croyais déjà loin, bien loin dans le vaste monde.

« Le 5 septembre 1819, un lundi matin, j’aperçus pour la première fois Copenhague de la hauteur du Frédériksberg. Je descendis de la voiture, et, mon petit paquet sous le bras, je m’avançai vers la ville par le parc et la grande avenue. La veille avait éclaté un mouvement populaire contre les Juifs. Toute la ville était dans l’agitation. Les rues étaient pleines de monde. Ce tumulte répondait bien à l’idée que je m’étais faite de la capitale.

« Ayant à peine dix écus en poche, je me logeai dans la plus modeste auberge que je pus découvrir.

« Ma première sortie fut pour aller à la recherche du