Page:Andersen - Contes danois, trad. Grégoire et Moland, 1873.djvu/52

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son caractère à cause de moi ; que je devais persévérer. Il ajouta qu’il était malheureux qu’on ne pût pas suivre à mon égard une méthode particulière, mais que dans une école cela ne se pouvait faire.

« Je me sentis réconforté et je finis par faire de sensibles progrès.

« Mon grand bonheur était d’assister, comme les autres élèves des hautes classes, aux représentations d’un petit théâtre d’amateurs qui existait dans la ville, et où le plus beau décor représentait la place de Slagelsée ; les spectateurs étaient enchantés de voir ainsi leurs propres maisons sur la scène.

« Mon principal but de promenade était la Croix de Saint-André, qui est sur une hauteur voisine et à laquelle se rattache une légende du moyen âge.

« Ce saint André était prêtre à Slagelsée ; il alla à la croisade avec d’autres pèlerins danois. Le jour où ses compagnons quittèrent Jérusalem, il resta plongé en prière devant le saint sépulcre ; le navire qui l’avait amené partit sans lui. Lorsqu’il arriva au port pour s’embarquer, un homme avec un âne vint à lui et lui offrit de le conduire dans son pays. Saint André monta sur la bête ; il s’endormit aussitôt ; lorsqu’il se réveilla, il se trouva seul sur une hauteur ; il entendit sonner les cloches de Slagelsée. Il était de retour bien avant le navire ; un ange du Seigneur l’avait transporté par les airs.

« Une croix de bois fut élevée sur la hauteur en commémoration du miracle. J’allais donc souvent m’asseoir en cet endroit ; la légende me plaisait et la vue était magnifique, j’apercevais la mer et l’île de Fionie. Là, je laissais libre cours