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LES CYGNES SAUVAGES.

leurs et de nuances différentes, qui couvraient au loin le rivage : l'eau les avait arrondies et polies. Le verre, le fer, la pierre, eu un mot tout ce qui était là confusément disséminé, avait reçu de l'action si lente et si uniforme de l'eau la configuration qui lui était particulière, quoique l'eau fût un corps autrement faible et tendre que ses mains si mignonnes, si délicates. « Elle s'en vient incessamment battre

« et rebattre la rive, dit-elle, et elle a bientôt

« usé et détruit les corps les plus rudes. Eh

« bien, moi aussi, je serai persévérante ;

« merci de la leçon que vous me donnez là, ô

« impitoyables vagues! Un jour, mon cœur

« me le dit, vous me conduirez vers mes frères chéris !»

Parmi les herbes marines rejetées par les vagues sur ce rivage se trouvaient onze plumes de cygnes blancs qu'elle eut bientôt réunies en touffe; de petites gouttes d'eau y brillaient semblables à des perles, comme si par leur beauté pleine de simplicité elles avaient voulu rendre plus belles encore ces charmantes plumes blanches. Rien de plus sauvage ni de plus