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LES CYGNES SAUVAGES.

les faisait tour à tour pleurer et rire de joie, et ils se furent bientôt rendu compte réciproquement des cruelles souffrances qu’ils avaient encore à endurer du fait de leur méchante belle-mère.

« Nous autres onze frères, dit l’aîné, nous planons sous la forme de cygnes sauvages tant que le soleil éclaire l’horizon. Une fois qu’il en disparaît, nous recouvrons notre forme humaine. Mais à ce moment précis du jour qui est d’une si grande importance pour nous, il faut que nous ayons bien soin de nous précautionner de quelque coin de terre ferme pour pouvoir y placer nos pieds ; car si le coucher du soleil nous surprenait dans les nuages, nous pourrions être certains de retomber, sous notre forme humaine, de toute cette hauteur, sur la terre ou dans la mer. Notre demeure n’est point ici, car de l’autre côté de la mer il y a précisément un pays aussi beau que celui-ci. Mais d’ici là, il y a loin, bien loin, à travers la mer ; et entre ces deux rivages, il ne se trouve pas d’île où nous puissions passer la nuit. Le seul point de re-