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LES CYGNES SAUVAGES.

pos que nous trouvions dans ce long trajet est un petit rocher qui s’élève solitaire au-dessus des vagues. Ce rocher n’a tout juste de largeur que ce qu’il en faut pour nous permettre de nous y étendre pressés autant que possible les uns contre les autres. Quand la mer est furieuse, elle nous couvre à chaque instant de ses lames ; cependant, tel qu’il est, nous remercions encore Dieu de nous avoir du moins accordé ce périlleux asile. C’est là que nous passons la nuit sous notre forme humaine ; sans un pareil refuge, il nous serait impossible de revoir jamais notre douce patrie, car la traversée nous prend deux des plus longs jours de toute l’année. Ce n’est donc qu’une fois par an que nous avons la permission de revoir les campagnes où nous sommes nés. À cette époque, nous pouvons y demeurer onze jours, planant au-dessus du grand parc d’où nous apercevons le noble château où nous avons reçu le jour, où réside notre père, et d’où nous découvrons le clocher de l’église dans laquelle notre bonne mère est enterrée. Il semble que là les arbres et les fleurs soient nos