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LES CYGNES SAUVAGES.

encore vu d’aussi magnifique tableau ; mais, à mesure que le soleil parvint à un point plus élevé du ciel et que la montagne resta de plus en plus loin derrière eux, cette illusion aérienne s’évanouit aussi, et elle en perdit complètement la vue dans la lointaine direction du rivage.

Ils avancèrent toute la journée en témoignant une âpre impatience et en dirigeant leur vol avec la précision de la flèche qui siffle en traversant l’air, encore bien qu’il fût un peu ralenti, chargés qu’ils étaient du précieux fardeau de leur sœur. Une tempête paraissait imminente, et le soir commençait à venir. Elfride tremblait d’effroi en voyant le soleil s’abaisser rapidement et le rocher solitaire n’apparaître nulle part. Elle crut remarquer alors, aux mouvements précipités de leurs ailes, que les cygnes redoublaient d’efforts. L’infortunée ! elle savait bien que s’ils n’avançaient pas assez vite, c’était elle qui en était la cause. Dès que le soleil sera tout à fait couché, se disait-elle, ils redeviendront tous des hommes ; ils tomberont alors dans la mer, et ils y périront misérablement noyés! Cette idée seule était déjà presque