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LES CYGNES SAUVAGES.

dis-je, jusqu’à la dernière minute du temps qui vous sera nécessaire pour le terminer, quand bien même cette tâche exigerait de vous des années, il faut que vous ne prononciez pas un seul mot. La première syllabe qui s’échapperait de vos lèvres serait comme un poignard qu’on enfoncerait dans le cœur de vos frères. Leur vie dépend de votre langue. Et maintenant, ne manquez pas de bien vous rappeler tout ce que je viens de vous dire ! »

Et comme la jeune fille dormait, la fée toucha sa main avec l’ortie qui la piqua comme eût pu faire une étincelle de feu. Elle se réveilla. Il faisait grand jour, et tout près de l’endroit où elle venait de dormir se trouvait une ortie pareille à celle qu’elle avait vue dans son rêve. Alors elle tomba à genoux, remercia l’excellent auteur de toutes choses de sa miséricorde, puis sortit de la caverne pour commencer sa tâche. Elle plongea ses mains au milieu des orties qui lui firent l’effet de charbons ardents. Elles produisaient de grosses ampoules sur ses mains et sur ses bras ; cependant elle ne demandait pas mieux que d'en-