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LES CYGNES SAUVAGES.

combien ils resplendissaient, regrettaient de ne pas être la reine. Son ouvrage touchait maintenant à son terme : il ne lui restait qu’une cotte de maille à finir ; mais elle n’avait plus de filasse, et pas une seule ortie sous la main. Elfride se dit alors à elle-même qu’il lui fallait encore une fois, mais rien qu’une fois et pour la dernière, retourner au cimetière et y cueillir quelques poignées d’orties. Elle tremblait cependant en pensant à cette promenade solitaire et aux hideuses sorcières qu’elle allait sans doute revoir ; mais elle était bien déterminée à les regarder en face, et d’ailleurs elle plaçait toute sa confiance en Dieu, qui sait tout ce qui doit arriver aux humains.

Elfride se dirigea donc vers le cimetière ; mais le roi et son chancelier la suivaient à distance sans qu’elle s’en doutât. Ils la perdirent de vue près de la grille d’entrée, et, en s'approchant davantage, ils aperçurent les sorcières accroupies sur le tombeau, telles qu’Elfride les avait vues. Oh ! avec quelle horreur le bon roi ne détourna-t-il pas ses regards à la vue de ce sinistre spectacle ! Il crut voir en ef-