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LE SARRASIN.

moins une simple explication pour tout ce que fait la nature. Je vais vous raconter ce qu’un moineau m’a appris à ce sujet. Ce moineau le tenait d’un vieux saule qui s’élevait jadis et qui s’élève encore aujourd’hui tout près d’un de ces champs de sarrasin dont je vous parle. C’est un grand saule bien grave, riche en années, noueux et tout fendu par le milieu. Dans ses fentes béantes poussent de l’herbe et des ronces qui semblent être là tout à fait chez elles. Son tronc est fortement penché : on dirait qu’il demande un étai, et ses branches pendent vers la terre comme de longs cheveux verts.

Dans toutes les plaines d’alentour croissaient alors des grains magnifiques, le seigle et l’orge, et l’avoine — oui, la si gracieuse avoine, dont les épis, lorsqu’elle est tout à fait mûre, ont l’air d’une troupe de petits oiseaux canaris perchés sur un rameau. Le ciel avait béni la moisson ; et, plus les épis étaient pleins et lourds, plus la bienfaisante plante courbait humblement sa tête.

Mais il y avait aussi par là un champ de sarrasin qui, d’un côté, s’étendait jusqu’à ce vieux