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qu’il avait éprouvés lui revinrent en mémoire ; il apprécia alors de tout son cœur le temps où nous vivons, et trouva que, malgré tous ses défauts, ce siècle vaut encore mieux que les siècles passés, du moins pour ceux qui en ont l’habitude.


III

Les aventures du gardien de nuit.

— Voilà une paire de galoches, dit le gardien de nuit ; elles doivent appartenir au lieutenant qui vient de rentrer, et qui demeure là-haut dans la grande maison.

Le brave homme eût volontiers sonné pour les restituer ; mais il réfléchit que le bruit qu’il ferait réveillerait tous les habitants de la maison.

— Avec ces machines-là, continua-t-il, on doit avoir chaud aux pieds ; c’est du cuir bien doux. Comme la vie est drôle ! Je vois le lieutenant qui se promène là-haut dans sa chambre, tandis qu’il pourrait être couché dans un bon lit bien moelleux… Ah ! c’est un homme bien heureux ! Il n’a ni femme, ni enfants ; il n’est pas comme moi ; il passe toutes ses soirées en joyeuse compagnie. Je voudrais bien être à sa place.

En parlant de la sorte, il avait chaussé les galoches ; aussi à peine son vœu eut-il été formulé qu’il se trouva réalisé.

Le gardien de nuit et le lieutenant ne faisaient plus