Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/20

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— Quel vilain rêve ! se dit-il, je me croyais à la place du lieutenant là-haut, et cela ne m’allait pas du tout. Il est seul, et moi, lorsque je rentre au logis, j’y trouve ma femme et mes enfants qui m’étouffent de leurs caresses ; jamais je ne pourrais vivre sans eux.

Là-dessus il s’abandonna à ses pensées ayant toujours les galoches à ses pieds.

Une étoile fila dans le ciel.

— En voilà encore une qui tombe, dit-il, et cependant le nombre n’en diminue pas ; je voudrais bien, par curiosité, voir ces belles lumières de plus près ; surtout la lune, qui est plus grosse. Après la mort, dit le jeune étudiant qui fait blanchir son linge par ma femme, nous volons d’une étoile à l’autre ; c’est un rude mensonge ; mais ce serait pourtant bien beau. Je voudrais pouvoir faire un bond jusque là-haut, en laissant mon corps ici sur l’escalier.

Il y a certains propos auxquels on ne doit se laisser aller qu’avec précaution, et avec double précaution lorsqu’on a les galoches du Bonheur aux pieds.

Écoutez ce qui arriva au gardien de nuit, et que cela vous serve d’exemple.

Tout le monde connaît la vitesse du mouvement par la vapeur : nous en avons fait l’expérience, soit sur les chemins de fer, soit dans les bateaux à vapeur ; ce mouvement, en comparaison de celui de la lumière, est plus lent que la marche du colimaçon par rapport à la nôtre. La lumière se meut dans l’espace avec une vitesse dix-neuf millions de fois plus grande que celle du meilleur cheval de course ; et cependant l’électricité est encore plus rapide. La mort est produite par un coup électri-