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que que nous recevons dans le cœur ; l’âme, délivrée, s’envole sur les ailes de l’électricité. La lumière n’exige que huit minutes et quelques secondes pour parcourir près de quarante millions de lieues ; l’âme, par le moyen de l’électricité, fait ce voyage encore plus soudainement.

Le gardien de nuit avait déjà franchi les cent mille lieues qui séparent la terre de la lune. Il se trouvait sur un de ces innombrables anneaux que nous présente la carte de notre satellite. L’intérieur lui faisait l’effet d’un immense chaudron au fond duquel émergeait une ville de l’aspect le plus extraordinaire.

Nous ne saurions donner à nos lecteurs une idée de cette ville autrement qu’en la comparant à un blanc d’œuf délayé dans un verre d’eau : la matière dont elle était formée paraissait transparente et légère, si bien que la cité flottait tout entière dans l’atmosphère avec ses tours, ses coupoles et ses monuments généralement de forme conique.

Le gardien voyait au-dessus de sa tête la terre, sous la forme d’un grand ballon rouge suspendu dans les airs.

En ramenant son regard vers la lune, il y découvrit une multitude de créatures qui, par leur situation hiérarchique, devaient être ce que nous appelons des hommes, mais qui avaient un tout autre aspect que les hommes de notre globe. La fantaisie qui avait créé ceux-là était infiniment plus riche que ne l’a dit Herschell. Ils parlaient une langue que le gardien ne devait certes pas connaître, et cependant il la comprit. C’est que notre âme possède des facultés bien plus étendues que nous ne le pensons. Ne voyons-nous pas reproduites dans nos songes avec une merveilleuse vérité toutes