Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ce n’est rien, dit le marguillier ; avancez un peu moins la tête, et cet accident ne se reproduira pas.

Maître Martin remonta sur le piédestal, et, ayant pris l’attitude voulue, il parut prêt à s’acquitter de son emploi d’une manière satisfaisante.

Bientôt les cloches commencèrent à sonner ; les pèlerins arrivèrent en foule, et, en moins d’une heure, l’église était pleine.

Il faisait une chaleur étouffante. Le savetier ne tarda pas à en être fort incommodé. Sous la mitre qui chargeait son front, la sueur roulait à grosses gouttes sur sa figure. Mais les personnes agenouillées autour du piédestal ne s’apercevaient pas, dans leur recueillement, de l’étrange malaise du saint.

Le soir arrivait, et, par une fatale coïncidence, les rayons du soleil couchant, passant à travers un vitrail, vinrent frapper d’aplomb sur le visage du pauvre Martin. Il souffrait horriblement, et il eut besoin d’un effort presque surhumain pour ne pas abdiquer son rôle. Cependant il n’était pas encore au bout de ses souffrances.

Soit qu’il eût un peu avancé sa tête pour s’empêcher d’être aveuglé, ou bien que le lustre se fût incliné vers lui, une nouvelle goutte de cire brûlante s’étala tout à coup sur son nez, et fut suivie de plusieurs autres, de minute en minute.

Vous figurez-vous l’horreur d’une pareille situation ? Le malheureux savetier souffrait réellement comme un damné.

Malgré cela, il ne bougeait pas. La perspective d’un châtiment sévère, la peur du scandale, non moins que