Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/235

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table et il essaya de chercher un refuge dans l’enfer.

Le chemin fut d’abord difficile à trouver ; cependant il mit bientôt pied sur la bonne route qui était large, unie et fréquentée par une foule considérable.

Arrivé à la porte, il saisit l’anneau et frappa un coup vigoureux. Le diable entr’ouvrit pour voir qui c’était ; mais, dès qu’il eut aperçu le maréchal d’Interbogk, il referma la porte en poussant un cri épouvantable, et appela tous ses valets pour mettre l’enfer en état de défense. Grande fut la perplexité de maître Jean ; cependant il prit bientôt son parti et partit pour les ruines du château de Kiffhauser où il avait entendu dire que l’empereur Frédéric Barberousse, avec son armée, était condamné à attendre le grand jour de la délivrance de l’Allemagne.

Le vieillard y trouva, en effet, Barberousse, qui le revit avec plaisir et lui demanda immédiatement s’il avait vu les corbeaux voltiger sur les ruines. Maître Jean répondit que oui, et l’empereur, à cette réponse, poussa un profond soupir. — Suivant la tradition, le jour de la délivrance n’arrivera que lorsque les corbeaux auront cessé de voler autour des ruines et que le vieux poirier desséché, planté sur le champ voisin, se couvrira de fleurs et de fruits. — Ce jour-là, l’empereur sortira des ruines avec toute son armée et suspendra son bouclier à l’arbre en fleurs, afin d’annoncer le grand moment à l’Allemagne.

En attendant, maître maréchal ferrant tient compagnie à Frédéric Barberousse, et s’amuse parfois à ferrer les chevaux de sa suite.