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Page:Andersen - Nouveaux Contes, trad. Soldi.djvu/294

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son qu’il porte constamment sur son dos, ce qui augmente les difficultés. Il me semble que son zèle est méritoire ; c’est pourquoi on lui a donné le second prix.

— Si l’on m’avait admise au concours, dit l’hirondelle, il n’y a aucun doute que j’eusse gagné le premier prix ; jamais personne n’est allé aussi loin que moi ; je suis allée si loin, si loin…

— Si loin qu’on ne vous voyait plus, et c’est là votre défaut, interrompit le poteau ; vous êtes toujours en mouvement : à peine le froid commence-t-il à se faire sentir, vite vous partez vers un autre climat ; vous n’avez pas de patriotisme, on a bien fait de vous exclure. !

— Si j’avais passé tout l’hiver à dormir dans les roseaux d’un marais, j’aurais donc pu me faire admettre ?

— Je le pense ; mais, comme on connaît vos penchants, il aurait fallu fournir un certificat comme quoi, pour ne pas quitter le pays, vous aviez bien réellement préféré ce sommeil froid et malsain à vos vagabondages’ et à vos ébats habituels.

— Si bonne justice avait été faite, dit le colimaçon, la commission m’aurait décerné le premier prix au lieu du second. Le lièvre n’a couru que poussé par sa poltronnerie qui lui faisait prendre la fuite à la moindre apparence de danger ; moi, au contraire, j’avais fait de cette question le problème de ma vie, et je me suis estropié chemin faisant. Certes, j’ai mérité le premier prix ; mais je n’aime pas à faire des embarras, c’est trop au-dessous de moi.

Et, ce disant, il cracha avec dédain.

— La commission, remarqua une vieille borne qui en avait fait partie, a procédé avec sagesse et justice à