fureur, mais désintéressée. Opiniâtreté singulière, mais qui fait passer une idée à l’acte.
Il y a illogisme sans doute pour le solitaire à descendre dans la foule ; et dans la désapprobation de Nietzsche, c’est ce que nous comprenons le mieux. Mais Zarathoustra, le solitaire, après avoir amassé le miel de sa sagesse, n’a-t-il pas été tenté d’en faire présent à l’humanité ? Ne s’est-il pas donné pour un « pécheur d’hommes »[1] ? Ses écrits, ne les a-t-il pas appelés des hameçons et des filets pour prendre des âmes ? Cette grande campagne qu’il a faite contre les Églises et les prêtrises, contre les États et les hommes politiques, ce renversement de toutes les morales et de toutes les hiérarchies, cette nouvelle « philosophie des lumières » (die neue Aufklærung)[2], dont l’avènement ferait des solitaires de la pensée libre les législateurs de l’avenir, qu’est-elle autre chose, si ce n’est une Révolution ?