Page:Andler - Nietzsche, sa vie et sa pensée, II.djvu/142

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défaire les couches ; montrer comment Ménippe, disciple de Métroclès, a dû vivre avant Ménédème et avant Timon, mais après Épicure, contre lequel il écrivait, et au plus tard dans l’âge mûr d’Arcésilas (mort en 241 avant Jésus-Christ), dont un de ses dialogues porte le nom. Avant tout, il faut établir qu’il n’y a pas deux Ménippe. Le poète du même nom, ce vieillard chauve en loques connu de Lucien, contempteur de la noblesse, de la richesse et de la joie, est précisément le philosophe cynique dont la légende raconte qu’un jour, avec l’aide d’Empédocle, il put pénétrer du regard la terre entière et assister à tous les événements simultanés qui se passaient dans les pays les plus lointains. C’est lui qui dans notre texte donne de ces pays une description si curieusement sardonique. Ses écrits sont des mélanges satiriques de vers et de prose que Varron imita parce qu’il était de son école[1].

De tels essais confirmaient Ritschl dans son estime admirative d’autrefois. Pour la Revue qu’il fondait, pour ces Acta societatis Lipsiensis, destinés à combattre l’influence du grammairien Georg Curtius, c’est un travail de Nietzsche qu’il voulut en tête.[2] Ainsi parut, par les soins de Nietzsche, l’édition nouvelle du Certamen Homeri et Hesiodi, la première qu’on ait faite depuis Henri Estienne. Puis, dans l’introduction, et dans des articles nouveaux pour le Rheinisches Museum, Nietzsche reprenait les recherches qui lui avaient été chères et lui avaient valu le succès de sa leçon d’ouverture. Il creusait la vieille légende qui met aux prises, devant le roi Panéïdès, Hésiode, chantre de l’agriculture et de la paix, avec Homère, aède de l’héroïsme. Il mettait en parallèle

  1. Beiträge zur Quellenkunde und Kritik des Laertius Diogenes, 1870. {Philologica, I, 171-214.)
  2. Corr., III, 89.