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On a pu démontrer que ses précurseurs lui ont légué des pensées qu’il n’a pas eu à produire, mais à apprendre seulement[1]. Il importerait de savoir en outre ce qui revit en Nietzsche de ses ancêtres par le sang et des énergies accumulées par eux. On aimerait à connaître le monde invisible qu’il portait en lui par le seul fait de naître. On vérifierait ainsi des hypothèses qui ont été les siennes.

Des impossibilités graves limitent cette recherche. Nous ne savons presque rien des aïeux de Nietzsche. Quand nous les connaîtrions de plus près, l’histoire littéraire n’en serait pas mieux qualifiée pour s’exprimer sur les lois de l’hérédité. Elle peut constater que de certaines qualités se retrouvent d’aïeul à descendant. Mais sa constatation, qui ne sait pas mesurer le degré des ressemblances, ne saisit rien non plus de leurs causes. Elle n’a pas d’outillage qui permette de suivre les énergies physiologiques profondes qui se transposent en qualités morales.


  1. Voir nos Précurseurs de Nietzsche, 1920.