Page:Andler - Nietzsche, sa vie et sa pensée, III.djvu/108

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Plus d’une tragédie d’Euripide se termine par un pareil dénouement. Le deus ex machina, que les Latins ne comprirent plus, est de tous les personnages le plus ancien et le plus nécessaire. Nietzsche a eu un sentiment juste du rôle de ce Dionysos funèbre. Il a eu tort de croire que la tragédie était sortie du chœur des satyres rustiques ; et le délire sacré de ces génies légers n’a pas existé. Mais le chœur des initiés tragiques a toujours fixé son regard sur les choses d’outre-tombe. Son deuil fut auguste, sans être jamais désespoir. La cité, dans les héros morts qu’elle adoptait pour les pleurer, célébrait son orgueil propre et héroïque. Nietzsche ne se trompe pas sur le sentiment grec, et son information est au niveau de ce que l’on savait de son temps. Les hypothèses nouvelles qui approchent du vrai n’auraient pas été possibles sans l’audace, mêlée d’erreur, qui a construit d’abord le livre sur la Naissance de la Tragédie.