Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/109

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— Frère, la méthode est bonne. C’est seulement pour ceux qu’on va pendre qu’elle ne vaut rien.

En effet, il se sentit comme soulagé. Il essaya aussi de manger moins pour s’affaiblir davantage, mais malgré le manque d’air et d’exercice, son appétit demeurait excellent. Serge ne pouvait lui résister et mangeait tout ce qu’on lui apportait. Alors, il eut recours à un subterfuge ; avant de se mettre à table, il versa la moitié de sa soupe dans le seau. Et cette méthode lui réussit : une grande lassitude, un engourdissement vague s’emparèrent de lui.

— Je t’apprendrai ! disait-il en menaçant son corps ; et il caressait tristement ses muscles amollis.

Mais bientôt le corps s’habitua à ce régime et la peur de la mort apparut de nouveau, non plus sous une forme aussi aiguë, mais comme une vague sensation de nausée, encore plus pénible. « C’est parce que ça dure longtemps, pensa Serge. Si seulement je pouvais dormir tout le temps, jusqu’à