Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/123

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Tout disparut.

La conscience s’éteignait comme un foyer mourant qu’on disperse, elle se glaçait, pareille au cadavre d’un homme qui vient de décéder et dont le cœur est encore chaud, alors que les mains et les pieds sont déjà froids.

Vassili eut un moment de terreur sauvage lorsqu’on vint le chercher dans sa cellule. Il ne soupçonna même pas que le moment du supplice était venu ; il vit simplement les gens et s’en effraya, presque comme un enfant.

— Je ne le ferai plus ! Je ne le ferai plus ! chuchotait-il sans être entendu.

Et ses lèvres se glacèrent, tandis qu’il reculait lentement vers le fond de la cellule, comme, dans son enfance, quand il essayait de se soustraire aux punitions de son père.

— Il faut aller…

On parla, on marcha autour de lui, on lui donna il ne sut quoi. Il ferma les yeux, chancela et commença à se préparer péniblement.