Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/136

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pas. Les joues et les oreilles de Moussia et de Tania étaient brûlantes. Serge, un peu pâle, se remit bientôt et se montra tel que d’habitude.

C’était à Vassili seulement qu’on faisait attention. Même parmi eux, il avait quelque chose de terrible. Werner s’émut et dit à voix basse à Moussia, avec une anxiété profonde :

— Qu’y a-t-il, Moussia ? Est-il possible qu’il ait… ? Hein ? Il faut lui parler.

Vassili regardait Werner de loin, comme s’il ne l’avait pas reconnu ; puis il baissa les yeux.

— Vassili, qu’est-ce ? Qu’as-tu ?… Ce n’est rien, frère, ce sera bientôt fini ! Il faut se maîtriser ! Il le faut !

Vassili garda le silence. Et lorsqu’on pouvait déjà croire qu’il ne dirait absolument rien, une réponse vint, sourde, tardive, terriblement lointaine, — c’est ainsi que le tombeau doit répondre quand on l’appelle longtemps :

— Mais je n’ai rien. Je me maîtrise !