Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/152

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d’un coup d’œil rapide, qui, toutefois, s’arrêta plus longtemps sur Moussia et sur Ianson.

— À cause du ministre ?

— Oui. Et toi ?

— Moi, monsieur, c’est une autre affaire. Moi, je ne suis pas aussi distingué : je suis un brigand, un assassin. Ça ne fait rien, monsieur, serre-toi un peu pour faire place ; ce n’est pas de ma faute si on m’a mis en votre compagniel Dans l’autre monde, il y aura de la place pour tous.

Il mesura tous les assistants d’un coup d’œil vigilant, défiant et sauvage. Mais on le regardait sans parler, gravement et même avec une compassion évidente. Il découvrit de nouveau les dents et frappa à plusieurs reprises sur le genou de VVerner.

— C’est comme ça, monsieur ! Comme on dit dans la chanson : « Ne fais pas de bruit, verte forêt de chênes ! »

— Pourquoi m’appelles-tu monsieur ?

— Tu as raison !… acquiesça le Tzigane avec satisfaction. Quel monsieur serais-tu,