Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/153

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puisque tu vas être pendu à côté de moi ! Voilà celui qui est le vrai monsieur !

Il tendit le doigt vers le gendarme silencieux.

— Et votre camarade là-bas, il n’en mène pas large ! ajouta-t-il en désignant des yeux Vassili. Monsieur, eh ! monsieur, tu as peur, hein ?

— Non ! répondit une langue qui remuait avec peine.

— Allons donc ! Il ne faut pas te gêner, il n’y a rien de honteux à cela ! Ce sont les chiens seulement, qui agitent la queue et découvrent les dents quand on va les pendre ; mais toi, tu es un homme. Et ce polichinelle-là, qui est-ce ? Il n’est pas des vôtres ?

Ses yeux dansaient sans cesse ; constamment, il crachait avec un sifflement sa salive abondante et douceâtre. Ianson, immobile, pelotonné dans un coin, agita un peu les oreilles de sa casquette de fourrure pelée, mais ne dit rien. Werner répondit à sa place :

— Il a égorgé son patron.

— Mon Dieu ! fit le Tzigane étonné. Com-