Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/166

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dents ; Ianson doucement et mollement, d’une bouche à demi-ouverte. Il semblait qu’il ne comprenait plus ce qu’il faisait. Quand Serge et Wassili eurent fait quelques pas, celui-ci s’arrêta subitement et, d’une voix forte, mais qui semblait étrangère et inconnue, cria :

— Adieu ! camarades !

— Adieu, camarade ! lui fut-il répondu.

On se remit en marche. Tout était tranquille. Les lanternes derrière les arbres devinrent immobiles. On entendait un cri, une voix, un bruit quelconque, mais là comme ici tout était calme.

— Ah ! mon Dieu ! râla quelqu’un.

On se retourna : c’était le Tzigane qui, dans un effort désespéré, criait :

— On va nous pendre !

Il s’agitait, battant l’air de ses mains et cria encore :

— Dieu ! Est-ce que je serai pendu tout seul ?

De ses mains convulsives, il agrippa la main de Werner et continua :