Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/168

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rapidement vers le Tzigane et, prenant sa tête dans ses mains, elle l’embrasse fortement. Lui la prit par les épaules, l’écarta un peu, puis la baisa bruyamment sur les joues et sur les yeux.

Le soldat qui se trouvait auprès d’eux s’arrêta, ouvrit les mains et laissa tomber son fusil. Mais il ne se baissa pas pour le ramasser. Il resta un moment immobile, fit un brusque écart et se mit à marcher dans la forêt.

— Où vas-tu ? lui cria d’une voix effrayée son camarade. Reste !

Mais l’autre, avec peine, essayait d’avancer. Tout à coup, il battit l’air de ses mains et tomba, le visage en avant.

— Ramasse ton fusil, poule mouillée ! ou c’est moi qui le ramasserai, cria sévèrement le Tzigane. Tu ne connais pas ton service. N’as-tu jamais vu un homme mourir ?

De nouveau, les lanternes vacillèrent. Le tour de Werner et de Ianson était arrivé.

— Adieu, monsieur ! dit le Tzigane à voix haute. Nous nous reverrons dans l’autre