Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
LA VIE D’UN POPE

charmant visage semblait, aux yeux du pope, éclairé du dedans par une lumière tendre et délicate.

Craignant de troubler d’un geste trop brusque sa belle et radieuse songerie, le père Vassili arpentait silencieusement la chambre… le bruit de ses pas, amorti par des pantoufles moelleuses, résonnait doucement, imperceptiblement.

Il contemplait tour à tour sa femme, la chambre tiède et bonne, douce comme une amie : ainsi donc, tout était bien chez lui, comme chez les autres hommes, et tout y respirait un calme profond et joyeux.

Son âme souriait doucement, car il ne savait pas que déjà l’ombre d’une grande douleur descendait sur son front, et que, même en ces jours de paix et de répit, une destinée sombre et énigmatique pesait sur sa vie.

La nuit de l’Épiphanie, la popadia accouchait heureusement d’un garçon qu’on nomma Vassili. Il avait une grosse tête et des jambes fluettes. Aucune pensée n’appa-