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LA VIE D’UN POPE

père Vassili se compose un boa visage.

— Pope, que deviendrons-nous, quand il se mettra à marcher ?

Et Nastia répond :

— Aujourd’hui, en lui donnant son dîner, je l’ai vu qui remuait sa petite jambe.

— Ce n’est pas vrai, s’empresse de nier le pope.

Mais le mot résonne sourd et lointain ; et voici que soudain les objets, les ténèbres, les lumières commencent à tournoyer, virent éperdument, dans l’orbite d’un tourbillon enragé, et que, de toutes parts, surgissent des fantômes qui n’ont pas d’yeux…

Ils s’avancent en se dandinant vers la popadia, l’atteignent, grimpent à ses genoux, rampent sur elle au hasard comme des bêtes aveugles, la palpent de leurs doigts crochus, arrachent ses vêtements, l’agrippent à la gorge, aux cheveux, s’efforcent de l’entraîner…

La popadia en délire se roule maintenant sur le plancher, s’y accroche de ses ongles