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LA VIE D’UN POPE

Le corps du défunt fut transporté sur la charrette, et étendu sur le sable qu’il avait amassé quelques heures auparavant ; on le recouvrit d’une natte, et l’on reprit à pas lents le chemin de Znamenskoié, par la route forestière.

Derrière la charrette, les moujiks marchaient en silence ; ils s’étaient dispersés dans la forêt, et les rayons de soleil, pénétrant çà et là à travers le feuillage, incendiaient leurs chemises d’un feu pourpre.

Lorsque le convoi passa devant la maison à deux étages d’Ivan Porphyritch, le chantre proposa d’y déposer le corps.

« C’était son ouvrier ; c’est à lui de l’enterrer. »

Mais personne ne se montrait aux fenêtres, ni aux alentours, et le portail était fermé par un énorme verrou de fer ; longtemps les moujiks frappèrent la porte à coups redoublés du lourd marteau de bronze noirci ; puis ils tirèrent la sonnette, et l’on entendait son tintement sonore et impérieux résonner quelque part derrière un angle de la muraille.