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LA VIE D’UN POPE

Dans la cour les chiens aboyèrent, mais personne ne se montra.

À la fin, une vieille cuisinière parut ; le maître ordonnait de porter Mossiaguine à sa maisonnette, et faisait don de dix roubles pour l’enterrement, indépendamment des gages échus ; mais, tandis qu’elle s’expliquait avec la foule, Ivan Porphyritch, caché derrière un rideau, jetait sur le cortège funèbre des regards effarés et méchants, et chuchotait à l’oreille de sa femme :

— Souviens-toi de mes paroles : le pope me donnerait un million que je ne lui tendrais pas la main ; quand elle en devrait sécher sur place ! C’est un homme qui fait peur !

Et peut-être est-ce à ces paroles énigmatiques du marguillier, ou à son refus d’accueillir le défunt, ou à toute autre cause, qu’il faut attribuer les bruits sinistres et troublants qui se répandirent dans tout le village, et partout crépitèrent comme un feu caché.

On parlait de Sémione, de sa mort inat-