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LA VIE D’UN POPE

parents, se rassemblaient au crépuscule dans les enclos, derrière les étables ; ils se racontaient d’effrayantes histoires de cadavres, qui dilataient d’épouvante leurs grands yeux noirs ; et la rassurante colère de la voix bien connue avait beau les rappeler à la maison, ils ne se décidaient pas à sauter sur leurs pieds nus et à se précipiter à travers la brume menaçante.

Pendant les deux jours qui précédèrent l’enterrement, ils ne cessèrent de venir contempler le cadavre que la chaleur avait rapidement fait enfler et bleuir…

La nuit, une chaleur implacable émanait de la terre et pas une goutte d’eau ne venait rafraîchir les prairies à demi-consumées ; le ciel était pur, mais sombre ; les étoiles rares scintillaient d’un feu terne, et le crépitement sec et monotone des cigales dominait tous les autres bruits.

Lorsque, après la première panikhide du soir, le père Vassili sortit de la maisonnette