Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/28

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bougres » et qui, par excès de zèle, lui avaient fait part de tous les détails de l’attentat projeté.

— Évidemment, raisonnait-il, j’ai peur maintenant parce qu’on m’a averti. Mais si je n’avais rien su, j’aurais tranquillement pris mon café. Et ensuite, évidemment, cette mort… Mais ai-je donc, en vérité, si peur de la mort ? J’ai les reins malades, je dois en mourir un jour, pourtant je n’ai pas peur, parce que je ne sais rien. Et ces imbéciles me disent : « À une heure de l’après-midi, Excellence ! » Ils ont pensé que j’en serais heureux !… Au lieu de cela, la mort est venue se placer dans le coin et elle ne s’en va plus ! Elle ne s’en va pas, parce que c’est ma pensée ! Ce n’est pas mourir qui est terrible, c’est de savoir qu’on va mourir. Il serait tout à fait impossible à l’homme de vivre s’il connaissait l’heure et le jour de sa mort avec une certitude absolue. Et ces idiots qui me préviennent : « À une heure de l’après-midi, Excellence ! »

Récemment, il avait été malade, et les