Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
LA VIE D’UN POPE

Mais l’homme resta muet et disparut. Seulement, tandis que le pope se déshabillait pour se mettre au lit, quelqu’un frappa doucement à la fenêtre ; le pope sortit, il n’y avait personne…

« Qu’a-t-il donc à rôder de la sorte, comme un mauvais esprit ? » pensa le père Vassili mécontent, en se mettant à genoux.

Mais, dans sa longue prière du soir il oublia bientôt le marguillier, et la nuit soucieuse étendue sur la terre ; il priait pour le mort, sa femme, ses enfants ; il implorait pour la terre et les hommes la grande miséricorde de Dieu ; et dans des profondeurs ensoleillées, le monde nouveau se dessinait confusément… le pope n’était plus à la terre !

Or, tandis qu’il priait, l’idiot se laissa glisser à bas de son lit, en agitant bruyamment ses jambes encore faibles, mais où la vie avait enfin pénétré.

Depuis le printemps, il commençait à se traîner çà et là, et, plus d’une fois, il était arrivé au pope de le trouver en rentrant, étendu sur le seuil, comme un chien cou-