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LA VIE D’UN POPE

ché devant la porte fermée de la maison.

Cette fois, il se dirigeait vers la fenêtre ouverte et s’avançait lentement, avec effort, en branlant la tête d’un air soucieux ; il se cramponna de ses mains fortes et tenaces à l’appui de la fenêtre, se hissa péniblement et plongea un regard morne et avide dans la nuit…, car il sentait venir quelque chose…

L’enterrement eut lieu le lundi de la Pentecôte ; le jour s’était levé, sombre et menaçant ; sur la nature comme sur les hommes, pesait un trouble confus ; une brume de chaleur avait voilé le ciel depuis le matin, et l’herbe se fanait et se recroquevillait à vue d’œil, comme dans le voisinage d’un énorme brasier ; le ciel opaque était descendu tout près de terre ; son immensité d’un bleu trouble, sillonnée de veines fines et sanglantes, apparaissait comme une voûte de métal chaud et sonore aux changeants reflets de pourpre…

Le disque colossal du soleil embrasait l’atmosphère, et le plus étrange était de le