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LA VIE D’UN POPE

dotai paraissait presque de la lumière, parmi les dorures ternes, les visages terreux et les fenêtres encombrées de ténèbres.

Pendant quelques minutes, il avait hésité.

Son pas s’était ralenti, et le cou tendu en avant, il avait jeté sur les assistants un regard étonné, déconcerté sans doute par l’aspect de cette foule muette entassée dans l’église, où il avait coutume de prier dans la solitude.

Mais bientôt il avait oublié la foule, il avait oublié qu’il officiait, et s’avançait distraitement vers l’autel ; son âme s’était dédoublée ; il attendait le mot, l’ordre, l’inspiration puissante et décisive, et rien ne venait…

— « … Je pleure et je sanglote, quand je considère la mort, quand je contemple au fond du cercueil, désormais informe et hideuse, notre beauté créée à l’image de Dieu ! Ô miracle, car ceci a lieu afin que s’accomplisse en nous le mystère ; et c’est pourquoi, voués par avance à la pourriture, nous portons