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LA VIE D’UN POPE

Le père Vassili tomba à trois verstes du village, au beau milieu de la grand’route. Il tomba la face contre terre, et son visage osseux s’imprima dans la poussière grisâtre du chemin, pétrie par les roues des chars, broyée par le piétinement des hommes et des animaux…

Le corps avait conservé, dans sa posture, l’élan désespéré de la dernière course : les mains blanches et inertes étendues en avant, l’une des jambes repliée sous le corps, l’autre que chausse une vieille botte éculée, rejetée en arrière, toute droite et raidie par l’effort.

Même dans l’éternel repos de la mort, le père Vassili semblait courir encore…