Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/51

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et déclara à l’un des juges, en désignant le président qui avait lu la sentence :

Elle a dit qu’il fallait me pendre…

— Qui, « elle » ? demanda, d’une voix de basse profonde, le président.

Ianson montra le président du doigt et répondit, en le regardant en dessous, avec colère :

— Toi !

— Eh bien ?

De nouveau, Ianson tourna les yeux vers celui des juges, en qui il devinait un ami, et répéta :

Elle a dit qu’il fallait me pendre. Il ne faut pas me pendre…

— Emmenez le condamné !

Mais Ianson eut encore le temps de répéter, d’un ton grave et convaincu :

— Il ne faut pas me pendre !

Et il avait l’air si stupide, avec son doigt étendu, avec son visage irrité auquel il essayait en vain de donner de la gravité, que le soldat de l’escorte, violant la consigne, lui dit à mi-voix en l’entraînant :