Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/52

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— Tu peux te vanter d’être un fameux imbécile !

— Il ne faut pas me pendre ! répéta obstinément Ianson.

On l’enferma de nouveau dans la cellule où il avait passé un mois et à laquelle il s’était habitué, comme il s’était accoutumé à tout : aux coups, à l’eau-de-vie, à la campagne déserte et neigeuse, parsemée de monticules arrondis, semblables à des tombes. Il éprouva même du plaisir à revoir son lit, sa fenêtre grillée, et à manger ce qu’on lui donna ; il n’avait rien pris depuis le matin. Certes, l’événement du tribunal était désagréable, mais il ne savait pas y penser. Il ne se représentait pas du tout ce qu’était la mort par pendaison.

— Eh bien, frère, te voilà pendu ! lui dit son geôlier, avec une bienveillance ironique.

— Et quand me pendra-t-on ? demanda lanson, incrédule.

Le geôlier réfléchit :

— Ah ! attends, frère ! Il te faut des compagnons ; on ne se dérange pas pour un