Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle fit tout ce qu’on lui dit. Mais tout en donnant à son fils un court baiser et en faisant sur lui le signe de croix, elle hochait la tête et répétait distraitement :

— Non, ce n’est pas cela ! Non, ce n’est pas cela !

— Adieu, Serge ! dit le père.

Ils se serrèrent la main et échangèrent un baiser bref, mais fort.

— Tu… commença Serge.

— Eh bien ? demanda le père d’une voix saccadée.

— Non, pas comme cela. Non, non ! Comment dirai-je ? répétait la mère en hochant la tête.

Elle s’était de nouveau assise et chancelait.

— Tu… répéta Serge.

Son visage prit une expression lamentable et il grimaça comme un enfant ; des larmes remplirent ses yeux. À travers leurs facettes étincelantes, il vit tout près de lui le visage pâle de son père qui pleurait aussi.

— Père ! tu es un homme fort !