Page:Andreïev - Les Sept Pendus (Trad. Serge Persky), 1911.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nue à se dérouler d’une manière calme et régulière. Elle pense à ses camarades, à ceux qui, de loin, sont angoissés par l’idée de son supplice prochain ; à ceux qui, plus proches, iront avec elle à la potence. Elle est étonnée que Vassili soit en proie à une telle peur, lui qui a toujours été brave. Le mardi matin, alors qu’ils s’étaient préparés à tuer et à mourir eux-mêmes, Tania Kovaltchouk avait tremblé d’émotion ; il avait fallu l’éloigner, tandis que Vassili plaisantait, riait, se mouvait au milieu des bombes avec si peu de précaution que Werner lui avait dit d’un ton sévère :

— Il ne faut pas jouer avec la mort !

Pourquoi donc Vassili a-t-il peur maintenant ? Cette terreur incompréhensible est si étrangère à l’âme de Moussia, qu’elle cesse bientôt d’y penser et d’en chercher la cause. Soudain, une envie folle la prend de voir Serge Golovine et de rire avec lui.

Peut-être aussi sa pensée ne veut-elle pas s’arrêter longtemps sur le même sujet, comme un oiseau léger qui plane devant les