lourd que « l’air paraissait transformé en plomb et pesait sur la tête et les épaules », ou quand il feuillette les cahiers de musique « de sa musique », dans lesquels s’était gravée sa voix, quand il passe en revue ses livres ou regarde son grand portrait… toujours, partout, l’envie folle d’apprendre la vérité le tourmente… À la tombée de la nuit, il monte doucement, pieds nus, dans la chambre de sa fille défunte et lui parle. Il la supplie de lui dire la vérité, de lui confier pourquoi elle a toujours été si triste, pourquoi elle s’est tuée. Mais le silence l’environne. Il court au cimetière, où l’attire irrésistiblement la tombe de son enfant.
— « Véra, Véra, mon enfant, supplie-t-il. Pourquoi, pourquoi nous as-tu abandonnés ? »
« Mais le silence devient de plus en plus sinistre et inquiétant, et lorsque le père Ignaty se relève avec effort, son visage est livide comme celui d’un mort ; il lui semble que toute l’atmosphère vit et palpite dans ce silence retentissant comme si une tempête sauvage s’élevait sur une mer terrible. Le silence le suffoque, passe pardessus sa tête en ondes glacées, agite ses cheveux, se brise contre sa poitrine qui gémit sous les coups… »
On se représente aisément l’impression produite par ces pages signées d’un nom encore inconnu.