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NOUVELLES

Une demi-heure s’écoula. Un appel sonore retentit dans l’appartement :

— Koukouchkine !

Mais une note nouvelle tintait dans la voix enrouée.

Le soldat se réveilla au second appel et pénétra dans la chambre en faisant résonner ostensiblement les talons de ses bottes. Tête baissée, il s’arrêta sur le seuil et se figea. Et c’était contre cette lamentable créature que le capitaine pouvait se fâcher !

— Koukouchkine !

Les doigts de l’ordonnance remuèrent un peu, puis se raidirent de nouveau.

— Tu as volé l’argent ?

— Je l’ai volé… ne… me…

La voix de Koukouchkine trembla et ses doigts s’agitèrent plus fébrilement. L’officier garda un instant le silence ; ensuite il dit :

— Ainsi, il faudra que nous te jugions !

— Votre Noblesse ! Ayez pitié de moi !

Le capitaine se leva vivement, s’approcha de Koukouchkine et lui mit la main sur l’épaule :

— Tu es un imbécile, un imbécile, entends-tu !